Le prix du lait : marchés aux bestiaux

Une vidéo par jour pour montrer l'envers du décor du salon de l'agriculture

« Notre modèle agricole et alimentaire
est un facteur d’identité dans notre pays. […]
Il doit être aussi un exemple et un modèle pour le monde »1
Bruno Le Maire
.

Depuis le début du Salon, L214 dévoile chaque jour une nouvelle enquête vidéo tournée récemment en France dans des élevages représentatifs des modes de production majoritaires. Des images bien loin de la ferme idyllique véhiculée par le salon. C'est une fois de plus le cas avec cette nouvelle vidéo tournée sur des marchés aux bestiaux.

Cinquième vidéo de la série de 9 enquêtes de L214 révélées chaque jour tout au long de la tenue du salon.

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Marché aux "bestiaux"

On croit que le lait et les fromages sont des produits qui ne causent pas de souffrances aux animaux. On nous dit souvent que la traite soulage !
Pourtant l'état dans lequel nous retrouvons les vaches et les chèvres après quelques années de service est inquiétant. En plus d'avoir subi de nombreuses séparations douloureuses d'avec leurs petits, elles souffrent fréquemment de boiteries et de mammites (inflammation des pis).

Dans cette vidéo, nous pouvons voir des vaches laitières d'une maigreur extrême.
La sélection génétique vise avant tout à augmenter leur rendement, leur système digestif est tellement "optimisé" pour la lactation qu'il ne nourrit plus la vache souffrant alors de la faim !

Epuisées par cette production laitière intensive, les vaches sont envoyées à l'abattoir vers 5 ans alors que leur espérance de vie est de 20 ans et plus.
Les chèvres, maigrichonnes elles aussi, ont des onglons (sabots) dont la corne pousse continuellement : sur les marchés, certaines chèvres les ont très longs alors qu'ils devraient être taillés régulièrement.

Du côté des petits que les éleveur doivent faire naître pour activer la lactation, ils sont brinqueballés dès leur plus jeune âge et s'ils ne sont pas gardés pour venir renouveler le cheptel, ils finissent le plus souvent rapidement dans les abattoirs.

Lire lait-vache.info

Législation européenne

En matière d'élevage, de transport et d'abattage, la France est censée appliquer la réglementation européenne. Celle-ci limite quelque peu ce qu'il est permis de faire endurer aux animaux. Elle n'interdit pas cependant qu'ils soient sélectionnés génétiquement pour plus de rentabilité au détriment de leur santé, séparés de leur parentèle, mutilés pour cohabiter et limités dans leurs comportements pour gagner de la place et grossir plus vite.

On peut ainsi voir des corps difformes comme ceux des poulets de chair ou des vaches condamnées aux césariennes pour donner naissance à des veaux trop gros (gène culard). On peut voir des élevages de 200 000 poules pondeuses en cage. On peut voir des truies bloquées dans des cages de maternité.

Dossier sur la situation de l'élevage intensif en France

Carences des services vétérinaires français

L'Office alimentaire et vétérinaire (OAV) de la Commission européenne relève des défaillances récurrentes des Services vétérinaires français. Il constate que les dispositifs de contrôle sont défaillants. Quand il existe des procédures, l'application au niveau local ne suit pas toujours. Sur des inspections d'élevages réalisées par les autorités françaises, on constate l'absence de vérifications sur des points majeurs tels que le respect des densités maximales d'animaux3.

Le syndicat des inspecteurs vétérinaires (SNISPV) dénonce régulièrement le manque de moyens :
« Les effectifs d’agents publics consacrés dans notre pays aux missions de surveillance et de lutte contre les maladies animales, au bien-être animal et à la sécurité sanitaire de la chaîne alimentaire sont bien inférieurs à ceux de tous les autres pays comparables. »4

Le ministère à la botte des filières

La vidéo donne un exemple de non respect par la France de la réglementation européenne : les chevreaux sont transportés dans des caisses illégales depuis 18 ans avec l'aval du ministère de l'Agriculture.

Dossier sur le transport des chevreaux en France

Autre exemple : pour la suppression des cages individuelles utilisées à près de 90% en France, la filière foie gras bénéficie d'un report d'échéance de 5 ans5 et, malgré ses impressionnants bénéfices, à l'appui du ministère pour toucher des aides publiques6.

Recherche française en matière de bien-être animal

En France, les poules et les lapins préfèrent les cages, les cochons le béton, il suffit de faire pendre des ficelles dans les hangars pour enrichir l'environnement des dindes, les poissons ne peuvent pas souffrir, les canards ne semblent pas souffrir du gavage et se trouvent mieux en cages individuelles... Humour noir ? Non, conclusions de quelques études françaises concernant le bien-être ou la douleur des animaux.

Les unités de recherche travaillant à la fois pour l'expertise publique et pour la recherche au service des filières de production se trouvent confrontées à des conflits d'intérêts qui ne profitent pas aux animaux.7


Notes :

  1. « 48e édition du Salon international de l’agriculture », du 19 au 27 février, Agri72, 11 janvier 2011.
  2. SIA : Forums "Terre d’Elevage-Terre durable"
  3. France : protection animale insuffisante
  4. « Les inspecteurs vétérinaires sont toujours sur la brèche », La Semaine Vétérinaire, 29 janvier 2010.
  5. Cages individuelles : révélation de la décision secrète du ministre, Stop Gavage.
  6. « Vingt millions d'euros d'aides pour le bien-être », Réussir aviculture, 5 janvier 2010.
  7. « L'INRA au secours du foie gras - Enquête sur une expertise publique sous contrôle de l'industrie », Stop Gavage.

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