Description
Nicole Brenez et Jonathan Palumbo ont conçu un cycle de 10 films en lien avec la réflexion proposée par Après la nuit animale, premier essai de Jonathan Palumbo.
1ère séance : VENDREDI 14 DÉCEMBRE
19h30
THE ANIMALS FILM, de Victor Schonfeld, Myriam Alaux / Grande-Bretagne / 1981
22h15
BLOOM d'Emmanuel Fraisse / France / 2018
suivi de GORGE COEUR VENTRE de Maud Alpi / France / 2015
«Imaginer l'utopie, par le verbe ou l'image, est-ce la première étape vers sa réalisation? La dernière scène de l'oeuvre de Maud Alpi exerce ce pouvoir magique et performatif de l'art. L'image ouvre sur un monde nouveau où, n'étant ni tombeau ni linceul, elle délaisse le cannibalisme pour l'animalisme.» (Jonathan Palumbo)
« Lire l'histoire du monde non plus à travers le seul anthropocentrisme mais du point de vue animal, c'est rendre visible une autre histoire du corps. Corps multiplié, violé, confiné, meurtri, supplicié, broyé, jeté, gavé, anonymisé, incorporé, sacrifié : le cinéma, art du visible et du sensible, porte la cicatrice vive de ces meurtrissures. Repenser l'Histoire en y incluant les animaux, c'est donc aussi permettre l'émergence d'une autre histoire du cinéma : celle d'un art de la vie où le sang animal, versé par la main de l'homme, trace les motifs de sa domination, en même temps qu'il rappelle sa parenté avec le nôtre. Alors qu'il saigne lui-même, Le Boucher (1970) de Claude Chabrol, incarné par Jean Yanne, l'avoue : « Tous les sangs ont la même odeur, ceux des animaux et ceux des hommes. Y en a qui sont plus rouges que d'autres. Mais tous ont exactement la même odeur ». »
Ainsi s'élance le bel essai de Jonathan Palumbo, Après la nuit animale (Marest Éditeur, 2018), parcours critique de la zoologie filmique depuis le bestiaire expérimental d'Étienne-Jules Marey jusqu'aux expérimentations techniques de Lucien Castaing-Taylor & Verena Paravel, en passant par les alertes pionnières de Georges Franju ou les monstres de bestialité de Tobe Hopper. Mais en quoi peut consister l'« après », l'après des instrumentations, des réifications, des fantasmatiques diffamantes ou apologétiques ? Avec pour tournant la plateforme politique élaborée par The Animals' Film (Myriam Alaux & Victor Schonfeld, 1981) et pour filigrane permanent les images activistes tournées et diffusées par L214, l'hypothèse, que grâce à Jonathan Palumbo nous voyons poindre dans les images contemporaines, est celle d'un cinéma animaliste, où se développent de nouvelles formes descriptives, figuratives, argumentatives, narratives, symboliques, participant à l'advenue d'un monde où règnerait le respect du vivant jusque dans le plus humble de ses états.
Nicole Brenez