Le 13/10/2021
Ce mercredi 13 octobre, L214 se rend pour la 3e fois devant l’abattoir de Blancafort (Cher) appartenant à LDC (Le Gaulois, Maître CoQ, Marie), leader de la production de viande de volaille, accompagnée de trois eurodéputés : Caroline Roose, Manuel Bompard et Claude Gruffat, du député Bastien Lachaud, ainsi que d’un huissier de justice. Le constat est amer. Les conditions de transport des oiseaux n’ont pas été mises en conformité depuis l’enquête de décembre 2020 et le retour de l’association sur place 4 mois plus tard.
L214 dénonce une complicité des autorités françaises dans la violation de la réglementation européenne.
En effet, lors de son audition devant la Commission sur le transport des animaux vivants du 16 juillet 2021 devant le Parlement européen, Mme Soubeyran, directrice générale adjointe de l’alimentation du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, a affirmé que « l’abattoir Blancafort est actuellement sous mise en demeure, jusqu’au 30 septembre, donc l’ensemble des points qui ont été constatés lors des dernières inspections doivent rentrer dans l’ordre et nous nous en assurerons. » À la demande de l’eurodéputé Manuel Bompard de préciser si cette mise en demeure portait aussi sur la question des conditions de transport, Mme Soubeyran a confirmé d’un « oui ».
Bientôt un an après la diffusion de notre enquête à l’abattoir de Blancafort, et malgré l’engagement pris par les autorités françaises à faire rentrer dans l’ordre les non-conformités, nous constatons qu’elles n’ont pas tenu leur engagement et sont donc complices de la violation de la réglementation européenne.
→ Notre enquête de décembre 2020
→ Notre retour sur les lieux en mars 2021
Caisses de transport à l'abattoir de Blancafort, 2020 (photo libre de droits)
Pour Caroline Roose, eurodéputée (groupe des Verts/EELV) : « En revenant à Blancafort, nous voulons voir si le gouvernement a tenu la promesse qu'il nous a faite au Parlement européen, celui de faire enfin respecter les règles qui visent à protéger les animaux pendant le transport. Ces violations ne sont pas spécifiques à Blancafort mais bien systématiques. Le gouvernement fait systématiquement passer le bien-être des animaux après les intérêts économiques d'un petit nombre d'industriels. Nous agissons au Parlement européen pour que cela change. »
Pour Manuel Bompard, eurodéputé (groupe GUE/NGL – France insoumise) : « Membre de la Commission d’enquête sur le transport des animaux du Parlement européen, je suis venu à l’abattoir de Blancafort en mars dernier avec ma collègue Caroline Roose. Notre constat était sans appel : les dindes étaient entassées dans des cages trop petites, en infraction avec le règlement européen sur les transports d’animaux vivants. Or ces manquements graves sont malheureusement fréquents et manifestement impunis, comme l’a encore montré une enquête de L214 cet été, dans un autre abattoir de dindes.
Lors de son passage devant la Commission d’enquête en juillet, j’ai pu interroger la représentante du ministère de l’Agriculture, qui nous a assuré que les infractions concernant le transport à l’abattoir de Blancafort seraient mises en conformité avant le 30 septembre. Il était donc important pour moi de venir vérifier sur le terrain que les autorités françaises respectent leurs engagements. »
Pour Bastien Lachaud, député (France insoumise) : « Les conditions de transport d'animaux vivants sont particulièrement scandaleuses, et génèrent d'innombrables souffrances. La législation, qui protège assez peu, n'est souvent pas respectée, et les autorités françaises ferment les yeux sur ces scandales. Il faut attendre des lanceurs d'alerte pour qu'enfin elles s'en préoccupent.
J'ai posé deux questions écrites au gouvernement pour l'alerter sur les transports d'animaux vivants sur le territoire et à partir du territoire. J'ai défendu un amendement pour limiter les temps de transports des animaux vivants. Il a été refusé par LREM. »
Pour Claude Gruffat, eurodéputé (groupe des Verts/EELV) : « Alors que les législations dédiées au bien-être animal sont honteusement peu contraignantes, certains acteurs des filières d’élevage comme l’abattoir de Blancafort persistent à ne pas les respecter. Cette attitude illégale est également une faute majeure qui les place à rebours du sens de l’Histoire et questionne leur pérennité à moyen-long terme. »
Pour Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 : « Les attentes citoyennes concernant les animaux sont fortes, l’UE l’a bien compris et travaille à renforcer la législation existante.
Pendant ce temps-là, en France, des acteurs majeurs de la production de viande comme LDC (Le Gaulois, Maître CoQ, Marie, etc.) s’affranchissent de la réglementation sous le nez des autorités.
Publiquement, les autorités affirment qu’elles agissent… et en même temps elles laissent les professionnels continuer d’entasser les oiseaux dans ces caisses de transport parfaitement illégales.
Nous continuerons de lever le voile sur ces infractions et sur la complicité des autorités jusqu’à ce qu’elles cessent. »
Les dindes acheminées à l’abattoir de Blancafort sont entassées dans des positions douloureuses. Les caisses, très basses, empêchent les oiseaux de se tenir dans une position naturelle. Leurs pattes ou leurs ailes sont régulièrement coincées à l'extérieur.
Comme l’a constaté Maître Jean-Baptiste Bunel, huissier de justice, le 2 mars 2021 devant l'abattoir de Blancafort : « la hauteur des caisses ne permet à aucun de ces animaux de tenir debout et il est impossible pour eux d’effectuer sans entrave tout mouvement naturel. Par ailleurs, je constate que certaines des volailles sont positionnées de telle manière qu’il n’est pas possible pour elles de tenir sur leurs pattes. Sur ce camion, je constate que la plupart des volailles placées contre les parois des caisses ont une partie de leur corps (queue, patte ou aile) qui dépasse à l’extérieur de la caisse. »
Le Règlement (CE) n° 1/2005 du Conseil du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport est pourtant très clair :
« Un espace suffisant est prévu à l'intérieur du compartiment destiné aux animaux et à chacun des niveaux de ce compartiment afin de garantir une ventilation adéquate au-dessus de la tête des animaux lorsqu'ils sont debout dans leur position naturelle, sans qu'en aucun cas leurs mouvements naturels puissent être entravés. » (Annexe I, Chapitre II, 1.2)
Que ce soit lors de nos actions à l’abattoir de Blancafort ou en juillet dernier devant l’abattoir du Faouët, les constats sont les mêmes : les équipements utilisés pour transporter les animaux sont identiques, et les abattoirs sont hors-la-loi.