Le 16/05/2019
Thiriet, un des leaders des produits surgelés en France, vient de s’engager à s’approvisionner auprès d’élevages et d’abattoirs répondant aux critères du European Chicken Commitment d’ici 2026, soutenus par une trentaine d’associations en Europe dont L214. Ces critères permettent une amélioration des conditions d’élevage et d’abattage des poulets. Cet engagement s’appliquera à tous les produits où le poulet est l’un des principaux ingrédients (soit partout où il représente plus de 30% du produit).
Le groupe Panzani et la chaîne de restaurants Courtepaille se sont engagés à répondre aux mêmes critères d’amélioration, en y ajoutant en plus une exigence d’accès au plein air pour tous les poulets d’ici 2026. La marque Saint-Jean et la chaîne de restaurants Columbus Café & Co avaient déjà pris un engagement similaire en début d’année.
Plusieurs entreprises de renom telles que Nestlé, Danone, Unilever, Dr Oetker, Prêt à Manger, Marks & Spencer ou encore le groupe Elior se sont déjà engagées à répondre aux critères du European Chicken Commitment sur le périmètre européen, notamment grâce aux sollicitations de la coalition d’associations internationale Open Wing Alliance dont L214 est l’un des représentants en France.
Pour Johanne Mielcarek, porte-parole de L214, « Après les œufs de poules en cage, les entreprises commencent également à se détourner des pires pratiques concernant les poulets de chair. Elles répondent ainsi à la demande des citoyens, majoritairement demandeurs de meilleures conditions d’élevage et d’abattage des poulets de chair. Les engagements de Thiriet, Courtepaille et Panzani dessinent les prémices d’une transition nécessaire vers des pratiques moins cruelles pour les poulets. »
La nouvelle enquête révélée jeudi dernier par L214 et réalisée au mois d’avril 2019 montre l’effroyable quotidien de plus de 50 000 poulets dans un élevage intensif à Solignat, dans le Puy-de-Dôme. Entassés à plus de 22 par m2, ils sont enfermés dans deux bâtiments d’où ils ne sortiront que pour partir à l’abattoir. Cet élevage est associé à Axereal, société coopérative agricole, poids lourd de l’agroalimentaire.
L'an dernier, L214 dénonçait déjà en images les conditions d’élevage standard des poulets de chair. En juin 2018, L214 avait rendu publique une vidéo provenant d'un élevage de poulets approvisionnant la marque Maître Coq. Les images, montrant les conditions de vie effroyables de ces poulets, ont été relayées par la plupart des grands médias nationaux. Ces images témoignent de la nécessité d’améliorer la condition des poulets de chair en France.
→ Voir les images de l’enquête Maître Coq
En France, 800 millions de poulets sont élevés et abattus chaque année pour leur chair et plus de 80 % d’entre eux sont enfermés toute leur vie en bâtiment, sans accès à l’extérieur. Ils doivent également cohabiter dans une promiscuité extrême. Les densités atteignent 22 oiseaux par mètre carré dans les élevages standard,soit moins d’une feuille A4 d’espace par poulet.
Les races de poulets sont sélectionnées afin que ces animaux prennent du poids le plus rapidement possible. Leurs muscles grossissent plus rapidement que leurs autres organes et leurs pattes, provoquant ainsi des problèmes cardiaques, respiratoires et des boiteries. Il arrive que certains poulets ne soient même plus capables de se déplacer pour atteindre l’eau et la nourriture et qu’ils agonisent lentement avant de mourir de faim ou de soif.
Au bout de 35 jours, les poulets sont considérés comme suffisamment gros pour que leur abattage soit rentable. Cette espérance de vie en élevage ne cesse de diminuer alors que l’espérance de vie naturelle des poulets est estimée à plus de 8 ans.
Les poulets sont alors amenés à l’abattoir où ils seront suspendus par les pattes encore conscients, ce qui est très douloureux pour eux et provoque souvent des fractures, leur tête est ensuite plongée dans un bain d’eau électrifié pour les étourdir avant la saignée. À cause de l’efficacité aléatoire de cette méthode, certains poulets sont mal étourdis voire complètement conscients au moment de la saignée.
→ En savoir plus sur l’élevage et l’abattage des poulets de chair
→ Lire notre rapport sur l’élevage de masse des poulets de chair
Un sondage Ifop (juin 2018) indique qu’une large majorité de Français est opposée aux pratiques d’élevage et d’abattage standard des poulets de chair.
Plus de 9 Français sur 10 affirment ainsi être opposés à l’élevage intensif et à l’enfermement à vie des poulets de chair en bâtiment. 84 % se déclarent contre la méthode d’abattage par bain d’eau électrifié, méthode la plus répandue en France à ce jour.
Autre chiffre notable, 66 % des Français se disent prêts à remplacer une partie de leur consommation de viande de poulet par des alternatives végétales.