L214 rend publiques ce jeudi les images extrêmement choquantes du gazage des cochons à l’abattoir de Houdan, à quelques jours seulement du procès des deux militants qui ont permis de les obtenir.
→ Voir la vidéo commentée par Guillaume Meurice
Tournées par une caméra placée à l’intérieur même d’une des nacelles de gazage et publiées ce matin sur le site du Monde, les images montrent une méthode d’étourdissement systématiquement longue et douloureuse pour les cochons : réactions de fuite, hurlements, convulsions, détresse respiratoire… Outre la violence inhérente à la pratique du gazage au CO2, la configuration particulière de la machine utilisée à Houdan allonge encore la durée de l’asphyxie des cochons.
Le problème de l’étourdissement des cochons au CO2 est pourtant bien identifié. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qualifie depuis 2004 cette méthode d’”aversive”, “douloureuse” et “non instantanée”. Le Conseil de l’Union européenne lui-même indique qu’elle devrait être abandonnée.
Cette méthode étant encore pratiquée dans 6 abattoirs français, L214 interpelle le nouveau ministre de l’Agriculture, M. Jacques Mézard, et lance une pétition afin d’obtenir au plus vite l’arrêt de l’étourdissement des cochons par gazage au CO2 en France.
→ Consulter la lettre adressée au ministre
→ Consulter la pétition sur change.org
À l’abattoir de Houdan où ont été tournées les images, un contrôle des services vétérinaires indique qu’aucune “vocalisation” n’a été entendue lors du gazage. Les cris stridents des cochons sont pourtant flagrants sur les 22 cycles de la machine qui ont pu être enregistrés.
L214 souligne une nouvelle fois la défaillance des services vétérinaires dans leur rôle de protection animale, et exige une nouvelle inspection du dispositif. D’autres carences de ces mêmes services avaient déjà été constatées lors d’une précédente enquête à l’abattoir de Houdan, diffusée en février dernier.
→ Lire le rapport d’inspection de la DDPP
→ Consulter le communiqué de février 2017
Face au procès pour “atteinte à la vie privée de l’abattoir” des deux militants qui ont pu tourner ces images, L214 réaffirme la légitimité de son action en vertu du droit d’informer.
Pour Sébastien Arsac, un des prévenus, co-fondateur de l’association : “la monstruosité des images révélées ce jour permet de démontrer toute la légitimité de l’action menée par L214.”
Guillaume Meurice, comédien et humoriste, exprime son soutien à l’association en présentant ces images.
Dans deux jours, à l’initiative de L214, la Marche pour la fermeture des abattoirs à Paris sera l’occasion pour des milliers de participants de revendiquer un monde où les animaux ne seront plus considérés comme des ressources alimentaires mais comme des individus dont la vie compte.
Contacts presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Isis La Bruyère : 07 82 59 49 79
Le gazage au dioxyde de carbone (CO2) est l’une des méthodes employées pour insensibiliser les cochons avant la saignée. Contrairement à l’électronarcose, autre méthode couramment utilisée, il induit une perte de conscience qui n’est pas immédiate mais intervient dans les 30 secondes après le début de l’exposition au gaz.
Toutes les études scientifiques relèvent le caractère aversif, douloureux et non immédiat de cette méthode. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), souligne depuis 2004 son inadéquation avec les principes du bien-être animal.
Le Conseil de l’Union européenne lui-même, dans ses considérations exposées au début du Règlement 1099/2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort, souligne que la législation communautaire dans ce domaine devrait être actualisée pour tenir compte des avis scientifiques.
Pour Pierre Frotin, spécialiste du bien-être animal à l’Institut français de la filière porcine (Ifip), “le CO2 est un gaz aversif qui, pendant les 15 à 20 secondes que dure l'inhalation, plonge l'animal dans une grande souffrance jusqu'à la phase d'induction, où il bascule dans l'inconscience.” (propos tenus lors de la Commission d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français, le 12 mai 2016).
En réalité, le gazage des cochons au CO2 contrevient au principe même de l’étourdissement : “procédé appliqué intentionnellement qui provoque une perte de conscience et de sensibilité sans douleur”, tel que défini par le règlement européen de 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort.
Malgré cela, en France, 6 abattoirs – dont ceux de Leclerc (abattoir Kerméné dans les Côtes d’Armor) et celui du groupe Avril qui travaille notamment pour Fleury Michon (abattoir Abera en Ille-et-Vilaine) – pratiquent encore le gazage des cochons au CO2, ce qui correspond à 15 à 18% des cochons abattus, soit autour de 4 millions de cochons chaque année.
Avec ces nouvelles images de l’abattoir de Houdan, L214 montre pour la deuxième fois l’horreur de cette méthode : des images similaires, filmées à l’abattoir d’Alès dans le Gard, avaient été diffusées en 2015.
→ Voir l’enquête à l’abattoir d’Alès
Ce n’est pas la première fois que L214 diffuse des images de l’abattoir de Houdan dans les Yvelines, seul abattoir de cochons d'Ile-de-France. En février dernier, ce sont les images effroyables de la porcherie surpeuplée, des couloirs et rampes trop étroits et mal conçus, des coups et des chocs électriques constamment distribués sur toutes les parties du corps des animaux pour les faire avancer, que L214 révélait au grand public. Dans le reportage d’Envoyé Spécial “Ouvriers d’abattoirs : des bourreaux ou des hommes?” diffusé par France 2 peu après, le directeur de l’abattoir Vincent Harang s’était lui-même montré choqué par les images lorsqu’il en a pris connaissance.
→ Lire le communiqué de presse de cette précédente enquête
→ Voir le reportage d'Envoyé Spécial
Cette fois, c’est la méthode de gazage au CO2 de l’abattoir de Houdan qui est dévoilée grâce à une caméra placée dans l’une des 7 nacelles du dispositif.
Cliquez pour agrandir le shéma
Schéma du dispositif de gazage à l’abattoir de Houdan
(1 à 7 : les positions successives des nacelles, gradient vertical : le taux de CO2 dans la fosse)
Outre la violence inhérente à la pratique du gazage au CO2, la configuration particulière de la machine utilisée à Houdan (faible profondeur de la fosse, décalage de hauteur entre l’entrée et la sortie) allonge encore la douloureuse asphyxie des cochons par un palier effectué en position n°2 à une concentration plus faible en CO2.
Deux militants de l’association, dont Sébastien Arsac, co-fondateur et porte-parole de L214, avaient été interpellés par la gendarmerie au moment de la collecte de ces images en décembre 2016. Ils sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Versailles le 12 juin prochain pour avoir porté atteinte à l’intimité de la vie privée de l’abattoir Harang et pour s’être introduits au domicile de la société.
Sans ces images, les abattoirs resteraient des boîtes noires auxquelles les citoyens n’ont pas accès. Aucun d’entre eux ne prendrait le risque de ternir son image en rendant public ce qui se passe dans les puits de gazage au CO2. L214 revendique la légitimité de son action en vertu du droit d’informer les consommateurs.
Contacts presse :
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Isis La Bruyère : 07 82 59 49 79