Une enquête remontant la filière chevaline jusqu'en Amérique du Nord et du Sud, montrant de sérieuses maltraitances et négligences sur les chevaux, a provoqué de vives réactions en France et dans d'autres pays concernés par la vente de viande chevaline issue de ces régions.
Les enseignes COOP et Deen aux Pays-Bas ainsi que les supermarchés suisses Denner et Spar ont annoncé la suspension de leurs approvisionnements en viande chevaline en provenance du Canada, du Mexique, de l'Argentine ou de l'Uruguay, pays couverts par l'enquête d'une coalition internationale d'associations de protection animale, dont L214 fait partie. Lidl Belgique a quant à lui réaffirmé son choix de ne pas vendre de viande chevaline.
En France, plus de 100 000 signatures ont été recueillies via la plateforme Change.org depuis la révélation de l'enquête le 13 mars dernier. Les signataires réclament aux enseignes françaises de la grande distribution de cesser leurs approvisionnement en viande chevaline issue des Amériques. Pour l'heure, aucun supermarché français n'a fait de déclaration. L214 leur remettra officiellement les signatures au cours du mois d'avril.
L'enquête, menée pendant deux ans par L214 (France), la Tierschutzbund Zürich (Suisse), Animals Angels (USA), Eyes on Animals (Pays-Bas) et GAIA (Belgique), montre les conditions de transport et d'abattage des chevaux issus des Etats-Unis, du Canada, du Mexique, d'Argentine ou d'Uruguay, principaux producteurs mondiaux de viande chevaline.
Les images révèlent des animaux aux plaies ouvertes, aux yeux crevés, aux membres cassés et laissés sans soin ; dans les centres de rassemblement, des animaux morts, parfois en état de décomposition. Les abattoirs sont parfois distant de 3000 kilomètres. Le transport des chevaux se fait dans des véhicules dangereux pour les animaux, interdits en Europe. Les chevaux n'y reçoivent ni abreuvement ni nourriture
L'enquête met en évidence un sérieux défaut de traçabilité, relié à un risque de commercialisation de viande contaminée à la phénylbutazone, une substance fréquemment inoculée aux chevaux mais rendant la viande impropre à la consommation du fait d'un danger de troubles sanguins potentiellement fatals chez l'humain.
La consommation de chevaux en Amérique étant quasi-nulle, la plupart des chevaux abattus sont destinés aux marchés internationaux, la France comptant parmi les principaux clients.
→ Voir la vidéo d'enquête version courte (4 min 27)
En moyenne, les Français ont consommé 290g de viande chevaline en 2011, bien que les disparités soient importantes au sein de la population. La plupart de la viande consommée est importée : la France importe 2,4 fois plus de viande de cheval qu'elle n'en produit, et 60% des importations proviennent du continent américain, totalisant plus de 9000 tonnes. Les enseignes Carrefour, Auchan, Casino, Leclerc, Système U, Cora, Henri Boucher, Intermarché, que L214 a interpellées par courrier, s'approvisionnent dans un ou plusieurs des pays impliqués dans les maltraitances dénoncées par les associations.
« Nous sommes extrêmement alarmés par le reportage de Tros Radar [l'émission de la télévision publique qui a diffusé les images d'enquête aux Pays-Bas, ndlr]. […] Par conséquent nous avons décidé de stopper immédiatement nos approvisionnements en Amérique. »
Dans un communiqué, les chaîne néerlandaise Coop, comptant 229 supermarchés, annonce le 25 mars dernier son engagement à ne plus s'approvisionner en viande chevaline issue du continent américain. Même décision annoncée chez son concurrent Deen.
En Belgique, Lidl a annoncé : « Nous ne vendons plus de viande de cheval depuis trois ans environ, précisément en raison des problèmes de traçabilité de la viande. Ce choix nous a été dicté par notre politique en matière de bien-être animal. »
En Suisse, où le sujet est brûlant depuis une enquête précédente révélée en 2013, les enseignes Denner et Spar ont également annoncé avoir totalement suspendu la vente de viande chevaline, en attendant de renforcer leurs standards.