1er août 2012
Le 28 juillet dernier à Monlezun (Gers), François Hollande a pris la défense du foie gras contre la décision californienne d’en interdire la production et la vente sur son territoire. Le Président de la République a docilement récité l’argumentaire du CIFOG (interprofession française du foie gras) reprenant à son compte des contre-vérités flagrantes.
L'association L214, initiatrice de la campagne Stop Gavage, lui adresse ce jour une lettre ouverte demandant à ce que des associations investies de longue date dans la contestation du gavage soient entendues, au même titre que les producteurs de foie gras, par des membres du gouvernement.
Les défenseurs belges des animaux de l'association GAIA ont quant à eux mis la France au défi de développer un produit sans souffrance animale en envoyant au président français un pot de Faux Gras, exemple d'alternative éthique au foie gras.
gavage en cages individuelles (images L214)
Quelques énormités relevées dans le discours de François Hollande samedi à Monlezun :
Affirmation 1 : « Les éleveurs français ont fait de gros efforts pour respecter toutes les conditions qui leur étaient imposées au titre de l'Europe pour le bien être animal ».
Dans la majorité des ateliers de gavage français, les oiseaux sont gavés en cages individuelles, interdites dans l’Union européenne depuis le 1er janvier 2011. A titre d'exemple, 80% des élevages labellisés « Canard à foie gras IGP Sud-Ouest » sont ainsi en infraction avec la réglementation européenne (1).
La Recommandation européenne (2) du 22 juin 1999 interdit le gavage, et stipule : « les méthodes d'alimentation […] qui sont source de lésions, d'angoisse ou de maladie pour les canards […] ne doivent pas être autorisées. » Les pays producteurs bénéficient cependant d'un sursis, à condition d'engager des recherches pour remplacer le gavage par d'autres méthodes d'engraissement. À ce jour, la France n'a développé aucune alternative au gavage.
Affirmation 2 : « "Les normes sanitaires" et celles "du confort animal" sont respectées ».
Les études portant sur le gavage (hormis naturellement celles initiées et cofinancées par la filière du foie gras) lui associent de nombreuses atteintes à la santé des animaux. En 1998, la Commission européenne a publié un rapport sur la production de foie gras. Rédigé par une douzaine d’experts internationaux, le rapport expose les préjudices pour la santé des oies et des canards imputables au gavage : risque de lésions de l’œsophage ou d’éclatement du jabot, défaillance du foie, stress thermique, diarrhées, insuffisance respiratoire… Il indique que, chez les canards gavés, la mortalité est dix à vingt fois supérieure que chez les canards non gavés. Parce que le fonctionnement du foie est sérieusement altéré, « le niveau de stéatose [maladie du foie déclenchée par le gavage] doit être considéré comme pathologique » conclut le rapport.
Le Président de la République a ainsi endossé sans ciller la stratégie mise en place de longue date par les professionnels et le ministère de l’Agriculture pour contrer la science vétérinaire, apaiser la conscience des consommateurs et contourner les lois européennes.
Au nom des 300 associations françaises et internationales signataires du manifeste pour l'abolition du foie gras, dont PETA, la SPA et la Fondation Brigitte Bardot, l'association L214 a adressé ce jour une lettre ouverte à François Hollande. Elle l'y invite à se renseigner sur « ce qui se passe vraiment dans les ateliers de gavage » et à comprendre que « derrière les interdictions du gavage il y a de l'empathie pour les plus faibles » et la reconnaissance d'une « limite aux souffrances que l'on peut infliger à un animal doué de sensibilité pour le plaisir de manger ses organes. »
L'association a également fait parvenir au Président un film d'enquête sur le gavage filmé en élevages, ferme à canetons (couvoir) et abattoir à canards du Gers et des Landes.
→ Film d'enquête : le gavage en question
→ Signataires du manifeste pour l'abolition du foie gras
L'association belge de défense des animaux GAIA a mis la France au défi de produire un foie gras alternatif sans gavage, en envoyant au Président français un pot de Faux Gras, une spécialité éthique qui trouve le succès en Belgique auprès des consommateurs et de la grande distribution.
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84
(1) Jacques Ripoche, L'IGP Foie gras du Sud-Ouest dépasse 20 millions de canards, Sud Ouest, 13 juin 2012. Note : aucune dérogation n'a été donnée à la France par l'UE, contrairement aux propos de l'article.